Le sujet est émotionnel, culpabilisant parfois, souvent pesant. Si tous les proches aidants ne font pas face à la même réalité, ils ont en commun cette lourde tâche de soutenir un proche ou un parent, dans une incapacité le plus souvent physique, psychologique ou psychosociale. En Suisse, 600 000 personnes sont concernées. Beaucoup sont des femmes, la majorité oscille entre 50 et 65 ans. Ces personnes s’occupent pour la plupart de leurs parents, de leurs beaux-parents, d’un frère ou d’une sœur, certaines d’un enfant.

Les témoignages que nous avons recueillis présentent de nombreux points communs, en particulier des charges qui augmentent au fil du temps (lire «Le marathon des proches aidants»). On gère des rendez-vous médicaux, des soins à domicile, des courses, des repas, des démarches administratives, les médicaments, les paiements, le système d’alarme sur la montre qui se déclenche au milieu de la nuit… Les tâches s’accumulent et finissent par peser lourdement. Jusqu’à impacter le moral, la fatigue, l’humeur, le stress, le sommeil et, finalement, sa propre santé.

Quand cette charge s’ajoute à celle de la famille et du travail, le découragement et l’épuisement ne sont pas rares. On estime que les heures de travail cumulées des proches aidants en Suisse représentent une valeur de 100 milliards de francs par an. Autant que le coût du travail annuel de tout le secteur secondaire.

Sur le plan légal pourtant, les proches aidants n’ont quasiment pas d’existence. A cette absence de reconnaissance, et de rémunération, s’ajoutent donc de pesantes complications administratives.

Il est dès lors urgent de soutenir concrètement ceux qui, jour après jour, apportent bénévolement leur aide, leur soutien et leur encadrement, et permettent à notre société vieillissante de préserver la dignité de chacun. Car tôt ou tard, nous nous retrouvons inévitablement dans la position de soutenir ou d’être soutenu.