Il n’y a pas que les cépages propres aux vins rouges (lire «Un bouquet de pesticides dans votre verre de rouge», BàS 1/2015) qui subissent de puissants traitements chimiques. Les raisins destinés à la vinification de vins blancs ont, eux aussi, droit à leur dose d’herbicides, d’insecticides, de fongicides et de produits antiparasitaires.
Un doux mélange
Les viticulteurs doivent néanmoins respecter des valeurs légales. En Suisse, celles-ci sont fixées par l’ordonnance fédérale sur les substances étrangères et les composants dans les denrées alimentaires (OSEC). Ces limites varient selon le degré de toxicité des différents éléments. Mais aucune norme ne régit leur nombre maximal et leur concentration totale.
C’est ce qui incite parfois les producteurs à pulvériser plusieurs produits pour gagner en efficacité, tout en restant dans la légalité. On obtient alors l’«effet cocktail» tant décrié. A l’instar de Greenpeace, certains acteurs dénoncent le phénomène, estimant que l’interaction de ces substances est particulièrement nocive pour la santé.
Quatre blancs non traités
L’analyse des vins rouges, dévoilée dans notre dernière édition, montrait que seules trois bouteilles sur dix-huit ne contenaient aucun pesticide. Les vins blancs font-ils mieux? C’est ce que nous avons voulu savoir en confiant dix-huit crus de moins de 20 fr. parmi les plus vendus dans les grandes surfaces romandes. Les experts ont alors traqué les résidus de 400 substances différentes.
Le résultat est rassurant: quatre bouteilles ont été jugées irréprochables, selon nos critères. Elles ne contiennent ni insecticides ni produits phytosanitaires. Ce sont, par ordre de prix croissant, le Quattro Bianci Terre Siciliane (Aldi), qui est aussi un des deux vins les plus avantageux de notre sélection, l’Epicuro Bianco Chardonnay Fiano Puglia IGT (Denner), le Baron de Hoen Gewürztraminer Alsace AOC (Coop) et le Fendant Dame de Sion (Manor).
Ces crus sont suivis de près par huit vins affichant seulement des traces d’une, voire de deux substances. Ce qui ne veut pas dire qu’ils aient été traités par leurs producteurs: ils peuvent aussi avoir été contaminés lors de la pulvérisation du vignoble adjacent. Dans certains cas, il suffit aussi d’un fût ayant déjà servi pour un autre vin.
Les experts ont trouvé des pesticides en concentration moyenne dans le Rosière Chardonnay (Spar et Landi), le Johannisberg Vieux Murets (Denner) et le Château Pierrail Blanc (Globus). En queue de peloton, on trouve enfin les bouteilles dont la teneur en pesticides dépasse 1 mg/kg ou celles contenant plus de quatre substances différentes, ce qui leur a valu d’être dépréciées. C’est notamment le cas du Chardonnay Verger du Soleil vendu chez Denner et du Riesling-Sylvaner Suisse orientale (Lidl).
Confrontés à ces résultats, les producteurs et les grandes surfaces se sont abrités, comme ils l’avaient fait pour notre test de vins rouges, derrière la législation en vigueur. Les différents traitements sont nécessaires, à leurs yeux, pour combattre les résistances développées par les ceps et garantir la régularité de la production.
Andreas Schidlknecht / chr
Bonus web:généralisation des traitements
Antioxydants et antibactériens
Le sulfite, un agent conservateur
La plupart des vins contiennent des sulfites. D’abord, parce qu’ils se forment naturellement lors de la fermentation. Ensuite, parce que les viticulteurs en rajoutent dès la vendange achevée. Le dioxyde de soufre (SO2), ou «anhydride sulfureux» de son vrai nom, est également désigné par le code E220 sur les étiquettes. Les crus doux ou demi-secs en affichent davantage que les blancs secs ou rosés et on en trouve moins dans le vin rouge.
Rares sont les millésimes proposés sans soufre ajouté, car ce dernier joue plusieurs rôles.
- Antioxydant: ajouté au raisin fraîchement récolté, le dioxyde de soufre protège le moût contre les oxydations.
- Antiseptique: il défend aussi le vin des attaques bactériennes. On l’utilise pour nettoyer les barriques et le matériel.
- Contrôle des levures: les sulfites arrêtent la fermentation et inhibent les levures. Ils interviennent donc aussi à la fin du processus de production.
Les sulfites sont des allergènes et les personnes asthmatiques y sont particulièrement sensibles. Même à faible dose, ils peuvent déclencher des problè-mes gastro-intestinaux ou respiratoires. Leur rôle dans l’apparition des maux de tête est, en revanche, controversé.
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