Il y a des périodes où l’on préférerait rester lové dans son lit. Notamment lors des douleurs menstruelles, qui touchent un grand nombre de femmes. La bonne nouvelle a pris naissance suite à une étude anglaise comparant 28 bases de données et concluant à l’efficacité du cannabis contre les douleurs et les crampes. Et elle s’est concrétisée aux Etats-Unis, où se vendent, depuis peu, des petits bâtonnets vaginaux contenant précisément un extrait de cannabis. La mauvaise nouvelle, c’est que ces bâtonnets ne sont pas autorisés en Suisse. Ils contiennent du THC et tombent sous le coup de la loi sur les stupéfiants.
Une alternative est pourtant disponible: les produits à base de cannabidiol (CBD), un dérivé du cannabis, dont l’effet psychotrope est très faible, mais qui est autorisé en Suisse. Les commerces sont de plus en plus nombreux à les proposer, sous forme de fleurs séchées, d’huiles, de pâtes, de capsules ou encore de pommades.
Les effets escomptés sont une réduction des crampes, des inflammations et des angoisses liées à ces jours difficiles. L’Office fédéral de la santé publique est sceptique: selon lui, les effets du CBD n’ont pas encore été suffisamment étudiés. De son côté, Thomas Walser, médecin-conseil de Ma Santé, est convaincu que ces produits peuvent aider les femmes qui souffrent durant leurs règles, notamment parce que, «en telle situation, l’essentiel est de se détendre». Alors, certes, le CDB apaise les symptômes plus que les causes, mais c’est tout ça de pris. Et le mieux pour s’en rendre compte est encore d’essayer...
Chaleur et infusion
Il existe toutefois d’autres méthodes douces qui sont mieux documentées que la prise de cannabis (voir tableau). L’une des plus simples: la chaleur! En 2006, des médecins anglais ont, en effet, découvert que si l’on augmente la température de la peau proche de la douleur au-dessus de 40 degrés, les récepteurs de la douleur sont en quelque sorte désactivés.
Alternative tout aussi agréable: se couler un bon bain chaud et y ajouter des huiles essentielles contre les crampes, extraites de la lavande ou de la sauge sclarée. Une dizaine de gouttes suffisent pour une baignoire. Comme l’huile ne se mélange pas à l’eau, on peut l’associer avec un peu de crème pour éviter que les gouttes ne restent à la surface et n’irrite la peau. Autre possibilité: les mélanger avec une huile neutre, comme celle de graines de sésame, pour se masser le bas-ventre jusqu’à trois fois par jour.
Il existe également des infusions qui aident en cas de crampes des muscles de l’utérus: l’alchémille, la potentille ansérine et l’achillée. Une cuillère à thé par tasse suffit, qu’on laisse infuser sept minutes. Et on commence la cure déjà cinq jours avant l’arrivée présumée des règles, au rythme de trois tasses par jour. Rien que le rituel apaise et permet de se relaxer naturellement.
Acupression et yoga
Il est aussi possible de réduire les douleurs par le mouvement, sans excès toutefois. Des chercheurs anglais ont compilé une quinzaine d’études pour arriver à la conclusion que le yoga est une excellente solution. Il permet de diminuer la sensation de douleur et lorsqu’on le pratique, notre corps libèrerait des antidouleurs naturels. Les chercheurs conseillent le Yoga Hatha, qui se concentre sur des exercices de respiration et de détente.
L’acupression est également conseillée. Il s’agit de masser un point précis - situé à une largeur de main au-dessous du nombril et à deux largeurs de pouce au-dessus du pubis – une à deux minutes durant, ce qui va aider l’énergie corporelle à circuler librement.
Changer provisoirement son régime alimentaire
Parfois il est également conseillé de modifier son régime alimentaire pendant un certain temps. Une semaine avant l’arrivée des règles, on diminuera sa consommation de viande, d’œufs et de produits laitiers riches en graisses. On mettra l’accent sur les légumes, les fruits ou encore l’huile de poisson. Les noix, les légumineuses, les produits à base de céréales complètes et les bananes peuvent aussi aider à limiter les risques de crampes grâce à leur teneur en magnésium. Pour détendre les muscles, on prendra des épices comme l’anis, le fenouil et le cumin.
Les médicaments
Si toutes ces méthodes douces n’ont pas d’effet, on se tournera – si possible en dernier recours – vers les médicaments. Les antidouleurs qui contiennent de l’ibuprofène, du paracétamol et du naproxène soulagent efficacement les crampes abdominales (voir tableau).
Le médicament Buscopan requiert toutefois de la prudence. Il ne soulage qu’un court instant et il est possible que l’on ressente des démangeaisons ainsi qu’un pouls plus élevé. Son fabricant, Sanofi, précise qu’il n’a pas été mis sur le marché pour soulager les douleurs menstruelles. Il peut pourtant aider à réduire les crampes de la musculature des organes génitaux des femmes.
Certains médecins prescrivent également une pilule contraceptive, car les hormones qu’elle contient assouplissent la muqueuse utérine. Cela permet aux muscles de ne plus être autant tendus pendant les règles. La contrainte est de devoir prendre cette pilule chaque jour pendant de nombreux mois.
Selon l’intensité des douleurs et leur persistance, il est important d’en parler à son gynécologue. Leur origine peut aussi provenir d’une excroissance de la paroi utérine dans d’autres organes, un myome, une inflammation ou encore une infection de l’utérus.
Luzia Mattmann, Andrea Schmits / chp