Jusqu’au 1er juillet 2022, les traitements effectués par les psychologues-psychothérapeutes n’étaient remboursés par l’assurance de base qu’à condition d’être menés sous la surveillance d’un psychiatre. Ce modèle, dit de «délégation», constituait une exception dans l’assurance obligatoire des soins depuis 1981.

L’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur les professions de la psychologie voulait rétablir une situation boiteuse, puisque les prestations fournies par les thérapeutes sans délégation devaient être assumées par les patients ou, le cas échéant, par une assurance complémentaire, sans franchise.

L’idée de faciliter l’accès aux soins était louable. Pourtant, les conséquences pour les patients s’avèrent fâcheuses dans de nombreuses situations, avec le remplacement du modèle de la délégation par celui de la prescription – en l’occurrence, celle d’un médecin de premier recours et non d’un psychiatre. Les personnes qui bénéficiaient jusqu’à présent du remboursement de leur thérapie par une assurance complémentaire doivent désormais se tourner vers l’assurance de base (lire ici).

Résultat: pour suivre un traitement chez un psychothérapeute, les 45% de patients qui ont opté pour des franchises à option (au-dessus de 300 fr.) doivent désormais payer la franchise et la quote-part. Des frais qui peuvent se monter à 3200 fr. dans le cas des franchises à 2500 fr. (auxquelles s’ajoute la quote-part de 700 fr.). Contrairement aux idées reçues, cela ne concerne pas seulement les assurés riches et en bonne santé. En outre, si le thérapeute n’est pas reconnu par l’assurance de base, ils devront désormais aussi assumer l’entier de la facture.

Les assureurs n’ont en effet pas attendu pour réduire, voire supprimer, les prestations dans ce domaine via les complémentaires, malgré les limitations de remboursement de l’assurance de base. Un opportunisme détestable lorsque l’on considère l’importance de ce domaine de la santé.

Vu sous cet angle, on peut se demander à qui profite vraiment cette modification du modèle de remboursement. Et en quoi il facilite l’accès aux psychothérapies pour la partie la moins aisée de la population.

Ce qui est certain, c’est que les assureurs n’ont pas perdu au change dans cette réforme: alors que cette prestation a été supprimée de l’assurance complémentaire, les tarifs n’ont pas baissé pour autant.

En cette fin d’année, chargée par les pesantes annonces sur les hausses de primes, de l’énergie et des biens de consommation, toute l’équipe de
Ma Santé espère que vous trouverez des instants de repos et de bonheur. Et vous souhaite un joyeux Noël et une année 2023 en bonne santé!

Pierre-Yves Muller
Rédacteur en chef